Une 13e rente AVS est urgente!

de: Services publics

Dernière ligne droite dans la campagne pour l’introduction d’une 13è rente AVS. Réponse aux arguments fallacieux déployés par le camp bourgeois pour s’opposer à cette mesure simplement indispensable.

photo François Graf - Verissimo

L’issue de la votation du 3 mars sur AVSx13 est incertaine, la campagne bat son plein et les opposant·e·s ne reculent devant aucune dépense ni devant aucun argument fallacieux pour conduire la population à voter contre ses intérêts. La droite ne cesse de répandre des écrans de fumée coûteux afin de semer le doute et la peur parmi la population. En réaction à ces agissements, l’USS a récemment publié un fact-checking afin de démonter les fausses affirmations répandues par les adversaires de la 13è rente AVS [1].

Une 13è rente avs est urgente
Selon la Constitution, l’AVS doit assurer la «couverture des besoins vitaux». La rente AVS moyenne se monte à un peu plus de 1800 francs par mois, ce simple fait doit nous convaincre qu’une revalorisation des rentes s’impose. Plus fondamentalement, entre le moment où l’initiative AVS x 13 a été lancée et celui où elle est soumise au vote, la population a subi les chocs cumulés de l’inflation, de la hausse des primes maladie (+15% ces deux dernières années) et des loyers. Ainsi, selon les calculs de l’USS, c’est une rente mensuelle complète qui manquera dans le porte-monnaie des retraité·e·s en fin d’année 2024. Une revalorisation des rentes AVS est aussi nécessaire pour compenser les pertes majeures enregistrées sur le plan des rentes du 2è pilier : la rente mensuelle moyenne s’élevait en 2005 à 2610 francs par mois, elle est passée à 2274 francs 17 ans plus tard. La chute vertigineuse n’est pas destinée à cesser car la statistique des nouvelles rentes 2022 révèle que la moyenne des nouvelles rentes versées correspond à 1700 francs par mois.

Une revalorisation des rentes AVS est la seule solution raisonnable pour la majorité
Face aux offensives publicitaires en faveur du 3è pilier, les chiffres démontrent que seule l’AVS peut combler le manque de revenu pour un rapport coûts/prestations imbattable. Dans l’AVS, les cotisations des très riches sont utilisées solidairement, les employeurs cotisent et les tâches éducatives sont reconnues, autant d’éléments absents des solutions de prévoyance individuelles. Améliorer la situation des retraité·e·s par l’intermédiaire de la prévoyance professionnelle coûterait pratiquement le double, alors que le 3è pilier est 4 à 5 fois plus cher que l’AVS.

La 13è rente AVS peut être financée
Face aux chiffres des finances de l’AVS, le catastrophisme financier ne marche plus aussi bien qu’avant pour la droite. Les comptes de l’AVS sont en excédent de plus de 3 milliards de francs et sa fortune se montera à pratiquement 70 milliards de francs en 2030. 2024 voit par ailleurs AVS21 entrer en vigueur, avec les économies réalisées sur le dois des femmes et l’augmentation de la TVA qui apporte des recettes supplémentaires. Est-il raisonnable d’accumuler des excédents dans l’assurance retraite de base alors que toujours plus de retraité·e·s peinent à boucler les fins de mois? La 13è rente coûterait environ 4,1 milliards de francs par année. La solution de financement la plus simple serait d’augmenter les salaires, ce que ne sont pas prêts à accorder ceux qui s’opposent à la 13è rente et qui prétendent s’inquiéter des finances de l’AVS. En cas de besoin, une légère augmentation des cotisations salariales paritaires, de l’ordre de 0,4%, serait suffisante. Que chacun·e fasse le calcul sur la base de sa fiche de salaire et d’une augmentation des rentes de 8,33% depuis l’âge de départ en retraite : 92% de la population serait gagnante.

La 13è rente profitera à la majorité
Les opposant·e·s tentent de faire croire que la 13e rente profiterait aux mauvaises personnes puisqu’elle serait versée à tout le monde, même à celles et ceux qui n’en ont pas besoin. À cet égard, relevons tout d’abord que 25% des femmes n’ont que l’AVS pour vivre à la retraite. De même, les ménages aux revenus modestes ou moyen ont véritablement besoin de l’AVS: «80% des revenus bruts des couples de 65 ans et plus avec les revenus les plus bas (moins de 4863 francs brut par mois) viennent de l’AVS [2]». L’AVS reste la principale source de revenus à la retraite pour la majorité de la population. Les très riches vont en effet payer beaucoup plus à l’AVS que ce qu’ils en recevront plus tard, la différence étant utilisée dans l’intérêt de la majorité. C’est ainsi que fonctionne l’AVS en tant qu’assurance de base universelle et solidaire: tout le monde cotise le même pourcentage sur la totalité de son revenu d’actif alors que les écarts de rente à la retraite sont limités.

Ne nous laissons pas duper: la 13e rente AVS est une nécessité urgente et finançable, mobilisons-nous pour remporter le vote du 3 mars!

Des dégradations de tous les côtés
Le camp bourgeois feint de se découvrir une âme compassionnelle dans le cours des débats sur AVSx13 en explique à quel point la dégradation de la situation financière des retraité·e·s lui tient à cœur. C’est oublier dans quel contexte d’ensemble se situent les discussions relatives au système de retraite. Il y a 18 mois, la droite a réussi à augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, c’est maintenant au tour des rentes de veuves d’être attaquées par le Conseil fédéral, alors que la commission de la sécurité sociale du Conseil national vient de proposer la suppression des rentes pour enfants de retraité·e·s. Voici donc le menu à venir des débats sur le 1er pilier. Au niveau des prestations complémentaires, c’est le même climat qui règne puisque viennent d’entrer en vigueur des économies de l’ordre de 400 millions au détriment des plus démuni·e·s.

Sur le plan du 2è pilier, alors que les prestations sont en chute libre depuis une vingtaine d’années, nous voterons sans doute en septembre sur le projet LPP21. Cette révision nous demande tout bonnement de cotiser plus pour toucher moins, tout en relevant l’âge de départ en retraite dans la LPP de 58 à 60 ans. Les profits dégagés par les assureurs dans la gestion du 2è pilier (un peu moins de 10 milliards de francs pour la période 2005-2022) sont évidemment épargnés par les mesures d’économies demandées à la population.

Le camp bourgeois, et la conseillère fédérale Baume-Schneider en tête, ont tenu à expliquer que leur opposition à la 13è rente tenait au fait qu’elle serait versée également aux riches retraité·e·s «qui n’en ont pas besoin», ils font par contre silence sur le nouveau cadeau fiscal en préparation au Parlement destiné aux détenteurs·trices de comptes 3è pilier à qui on offrira la possibilité de verser rétroactivement des montants sur leurs compte 3è et de les déduire de leur revenu imposable. L’administration fédérale estime qu’environ 10% des contribuables sont concerné·e·s: voici ce qu’il faut comprendre lorsque la droite parle des «aides ciblées».

La coupe est pleine, un renversement de tendance est essentiel pour les intérêts de la majorité, c’est aussi le sens d’un OUI le 3 mars prochain!

Non à l’augmentation de l’âge de la retraite!
Notre mobilisation en faveur de la 13è rente AVS ne doit pas nous conduire à négliger l’importance de l’autre objet soumis au vote, soit l’initiative frauduleusement nommée «pour les rentes», qui prévoit d’augmenter l’âge de départ à la retraite pour toutes et tous. Lancée initialement par les Jeunes libéraux-radicaux, le texte bénéficie du soutien du PLR et de l’UDC. Cette initiative constitue ni plus ni moins qu’une machine de guerre contre les travailleurs·euses puisqu’elle prévoit tout d’abord un relèvement de l’âge de la retraite de toutes et tous à 66 ans puis l’introduction d’un mécanisme d’adaptation automatique de l’âge de la retraite en fonction de l’évolution de l’espérance de vie.

Les chômeurs·euses âgé·e·s, qui ne retrouvent plus d’emploi, qui verront le moment de la retraite s’éloigner encore. Les travailleurs·euses exerçant des métiers pénibles verront leur santé encore plus atteinte et leurs modèles de retraite anticipée (par exemple dans la construction) attaqués. Encore davantage qu’aujourd’hui, la retraite anticipée serait un produit de luxe réservé aux riches. Déjà à l’heure actuelle, les rentes LPP de celles et ceux qui prennent une retraite anticipée à 60 ans sont plus élevées que les rentes versées à l’âge ordinaire de départ en retraite.

L’espérance de vie des 20% de la population avec les revenus les plus bas a une espérance de vie largement inférieure à celle des 20% les plus favorisés. Comme l’écrit l’USS, «lorsque plus de la moitié des hommes à bas revenu sont déjà décédés, quatre hommes à haut revenu sur cinq vivent encore [3].

L’enjeu est également démocratique car, si nous avons pu nous opposer à deux reprises à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes, l’acceptation de cette initiative retirerait la question de l’âge de la retraite du débat politique. L’USS a ainsi calcul que si cette initiative était entrée en vigueur au milieu des années septante, l’âge de la retraite serait aujourd’hui fixé à 71 ans!

Faire mordre la poussière à cette initiative est essentiel, votons NON à cette dangereuse initiative le 3 mars!


[1] https://www.uss.ch/themes/politique-sociale/detail/13e-rente-avantageuse-cible-et-realisable

[2] Voir l’article de Benoit Blanc sur http://alencontre.org/suisse/suisse-13e-renteavs-une-conseillere-federale-socialisteloyale-a-la-droite-et-a-ses-institutions.html, 2022, p. 15

[3] Voir l’argumentaire de l’USS : https://67-non.ch/wp-content/uploads/2023/12/Argumentaire_R67_FR.pdf