Oui, le 14 juin sera un jour de grève féministe!

de: Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP

Recadrage: d’après un article du Temps paru le 6 juin, la grève féministe ne serait pas une «vraie» grève parce elle serait «politique» ou exprimerait une «solidarité» avec d’autres secteurs.

photo Eric Roset

Une fois de plus, des hommes, professeur, avocat, représentant patronal essayent de décrédibiliser la grève parce que « féministe » et parce qu’organisée par des femmes. Or la grève féministe est multiforme puisqu’elle se fait autant sur les lieux de travail que sur les lieux de vie et d’études et qu’elle implique aussi une dimension d’occupation de l’espace public. Mais en tant que Syndicat des services publics, nous tenons à préciser que la grève féministe sur les lieux de travail s’organise comme une grève en respectant les mêmes règles, par exemple dans le canton de Vaud où un acte de non-conciliation a été demandé et obtenu par les organisations syndicales : la grève du 14 juin est donc licite.

Dans de nombreux secteurs, le SSP a élaboré des cahiers de revendications qui portent précisément sur les conditions de travail, notamment l'égalité des salaires, la valorisation des métiers essentiels, majoritairement exercés par des femmes, la réduction du temps de travail et le droit à un taux d’activité minimum, l'amélioration des mesures permettant de « concilier » emploi et famille, des mesures de lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel, la ré-internalisation des services de nettoyage, des cantines ou des buanderies, où se concentrent des travailleuses, souvent immigrées, avec des bas salaires et des plans de retraite minable.

Le SSP n’appelle pas les individues seules à faire grève car la grève est un outil de lutte collective. Si une travailleuse est seule, alors il faut effectivement qu’elle prenne congé. Certains employeurs publics ont reconnu le droit de participer aux actions et manifestations du 14 juin et payent ces heures, accordant ainsi une légitimité au combat féministe contre les discriminations sexistes. D’autres précisent que ces heures ne seront pas rémunérées, dans une intention qui vise plutôt à contourner le droit de grève et, en quelque sorte, à le vider de sa substance.

Rappelons enfin que le droit, et donc la définition juridique de la grève, n’est pas neutre. Il est le produit de l’histoire et des rapports de forces qui ont existé et existent dans la société et où les hommes, et particulièrement les hommes bourgeois, blancs et hétéro ont dicté la loi pendant des siècles. Et aujourd’hui encore, ils concentrent le pouvoir entre leurs mains et tentent de faire taire toute remise en cause de leur position de domination. Pourtant, nous ne sommes plus prêtes de nous taire. Le patriarcat tue. Dans le canton de Vaud, en trois mois, nous avons assisté à trois féminicides et à trois infanticides de filles. Pour dénoncer cette violence, nous irons manifester dans l’espace public et dans le cadre unitaire de la journée de la grève féministe du 14 juin, qui est juste, légitime et urgente.

Ensemble, en grève pour nos droits, nos libertés et nos vies.