Non à la suppression du droit de timbre!

de: Guy Zurkinden, rédacteur Services Publics

Refusons le 13 février un nouveau cadeau aux milieux d'affaires.

Photo BNS

L’année à peine commencée, le Conseil fédéral et les gouvernements cantonaux fourmillent déjà d’idées. Pas pour renforcer le service public hospitalier plombé par le sous-effectif. Pas non plus pour concrétiser la revalorisation des conditions de travail et de salaires des infirmiers-ères, plébiscitée par une majorité de la population en novembre. Ni pour alléger la charge des centaines de milliers de salarié-e-s au taquet depuis le début de la pandémie. Encore moins pour soutenir les 16% de la population vivant dans la précarité – dont 155 000 travailleuses et travailleurs pauvres. Ceux-là peuvent attendre.

Pour la majorité de droite qui dirige la Suisse, l’urgence est ailleurs. Elle consiste à baisser encore les impôts pour les riches et les grandes entreprises.

La première mesure dans ce sens est la suppression du droit de timbre d’émission, sur laquelle nous voterons le 13 février. Ce «cadeau aux capitalistes» coûtera au bas mot 250 millions de francs par an aux collectivités publiques. Selon les calculs de l’USS, elle pourrait entraîner, en parallèle, des pertes de 1 milliard par an aux cantons et communes [1].

Dans la foulée, la majorité du Parlement a voté la suppression de l’impôt anticipé sur les obligations, une autre taxe payée presque exclusivement par les riches. Et elle veut abolir, demain, l’ensemble des droits de timbre – ce qui coûterait 2 milliards supplémentaires, chaque année, à l’Etat.

Les autorités politiques n’entendent pas en rester là. Dimanche dernier, le conseiller fédéral (UDC) Ueli Maurer proposait que certains cantons baissent les impôts pour les plus hauts revenus [2] . Heinz Tännler chef des finances du canton de Zoug, abondait dans son sens. Avant d’en rajouter une couche: à ses yeux, l’impôt sur la fortune devrait subir «une baisse fondamentale». Son homologue vaudois, Pascal Broulis, réfléchit à augmenter les déductions fiscales pour les plus aisé-e-s.

Toutes ces mesures ont un objectif: maintenir la Suisse sur le podium des principaux paradis fiscaux de la planète – pour le bonheur d’une poignée de grands patrons, de banquiers et d’actionnaires qui s’enrichissent année après année. Depuis 1989, le patrimoine détenu par les 300 plus riches de Suisse a plus que quadruplé; il s’élève aujourd’hui à 821 milliards de francs [3].

Pour tous les autres, ces cadeaux fiscaux auraient d’amères conséquences. Ils se traduiraient par de nouvelles coupes dans des prestations fondamentales – santé, social, éducation, enfance, subsides pour les primes d’assurance maladie – et des effectifs encore plus réduits pour le personnel du service public et parapublic.

«Les Etats-Unis sont devenus un pays de riches, par les riches et pour les riches», dénonce l’économiste Jeffrey Sachs. Pour éviter que la Suisse ne prenne définitivement le même chemin, il faut combattre les baisses d’impôts de la droite.

En commençant par voter non à la révision du droit de timbre le 13 février.


[1] 24 heures, 19 janvier 2022.

[2] NZZ am Sonntag, 16 janvier 2022.

[3] Bilan, décembre 2021.