Le SSP à l'offensive

Lors de son Assemblée des Délégué-e-s du 14 septembre, soit trois mois après la grève du 14 juin, le SSP a adopté la résolution "Le SSP lance son offensive pour des services publics exemplaires en matière d’égalité".

photo Valdemar Verissimo

Résolution de l’AD du 14 septembre 2019

La grève féministe et des femmes* a donné lieu à une mobilisation historique. Jamais la Suisse n’avait vu autant de monde manifester et croiser les bras pour revendiquer l’égalité ! Si plus d’un demi-million de femmes* et hommes solidaires étaient dans les rues, des actions, des débrayages et des grèves ont eu lieu un peu partout en Suisse sur les lieux de travail : écoles et crèches, services administratifs et sociaux, hôpitaux et EMS, partout les travailleuses du secteur public se sont mobilisées pour faire avancer l’égalité tant d’une manière générale que spécifiquement sur leur lieu de travail.

Le secteur public à la traîne

Loin d’être un employeur exemplaire, le secteur public est à la traîne en matière d’égalité :

• L’inégalité salariale est de 16,7%, à peine moins que les 19,6% du secteur privé. Les classes salariales les moins rémunérées regroupent une majorité de femmes, alors que les fonctions les mieux payées concentrent un maximum d’hommes ;
• les mesures pour concilier emploi et famille sont rares : quelques jours de congé paternité ici ou là, la possibilité de réduire un peu son taux d’activité ou de pratiquer le travail chez soi, mais aucun congé parental payé, aucun congé en cas de maladie longue d’un enfant ou proche malade ;
• les mesures pour promouvoir les carrières féminines, décloisonner et valoriser les métiers féminins ou lutter contre le sexisme et le harcèlement sexuel sont largement insuffisantes ;
• les politiques d’austérité ont remis en cause les conditions de travail et de retraite du personnel : les femmes, qui représente entre la moitié et les deux tiers du personnel du secteur public et qui sont plus nombreuses sur le terrain, ont été particulièrement prétéritées. ;
• les privatisations aussi frappent les femmes de plein fouet, notamment dans le secteur du nettoyage ; toute externalisation se faisant sur le dos du personnel.

Le SSP à l’offensive

Face à ce constat, le SSP lance une campagne nationale pour l’égalité dans le secteur public et subventionné. De nombreux et nombreuses élu-e-s, qui revêtent par ailleurs le rôle d’employeur en tant que membres d’un Exécutif communal, cantonal ou fédéral, ont affirmé leur soutien à la grève féministe : maintenant nous attendons qu’elles et ils s’engagent sur le terrain pour faire avancer concrètement l’égalité ! Les services publics sont en effet financés par nous toutes et tous grâce à nos impôts. Leur mission est de satisfaire les besoins et les aspirations de la population – des aspirations qui comprennent une société fondée sur l’égalité des genres, exempte de sexisme, de toute forme de violence et de harcèlement sexuel.

Nos dix revendications :

Le secteur public doit mettre le turbo et garantir des conditions de travail exemplaires favorisant
l'égalité. Celles-ci comprennent notamment des mesures concrètes visant à valoriser les métiers dits
féminins en particulier les secteurs du nettoyage, des soins et de l’accueil des enfants, ainsi que des
mesures globales visant à promouvoir la conciliation entre emploi et responsabilités familiales et ce
tant pour les femmes que pour les hommes.

1. Nous demandons la valorisation des salaires des fonctions et métiers féminins par une hausse
de toutes les classes occupées majoritairement par des femmes.
2. Nous nous opposons aux privatisation et nous demandons la réintégration du personnel de
nettoyage, composé en majorité de femmes, souvent migrantes, au sein du personnel de l’Etat
et des Institutions subventionnées.
3. Nous voulons réduire le temps de travail afin de sortir du piège du temps partiel et de partager
le travail non rémunéré. Nous voulons aussi un service public de l’enfance et pour les personnes
âgées qui garantit un accueil de qualité et de bonnes conditions de travail.
4. Nous refusons la flexibilité au profit de l’employeur et revendiquons des horaires de travail
compatibles avec nos vies familiales et privées.
5. Nous voulons la reconnaissance du temps de travail domestique dans les assurances sociales.
6. Nous voulons que les collectivités publiques donnent l’exemple en adoptant rapidement un
véritable congé parental payé, y compris pour les parents de même sexe et/ou adoptifs.
7. Nous exigeons l’aménagement tant de l’espace que des horaires de travail pour les femmes
enceintes et qui allaitent, ainsi que le remplacement systématique de toutes les femmes en congé
maternité.
8. Nous refusons toute hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans et nous revendiquons la
retraite à 60 ans dans le secteur de la santé, ainsi que des horaires aménagés pour les personnes
de plus de 55 ans.
9. Nous demandons l’introduction du langage épicène, la mise en place de campagnes de
sensibilisation au respect des femmes et des personnes LGBTIQ tant sur les lieux de travail qu’à
l’école, ainsi que la prévention et la tolérance zéro en matière de sexisme et de harcèlement
sexuel.
10. Nous voulons des habits de travail adaptés aux femmes dans les métiers masculins, des douches
et vestiaires séparés, des mesures pour assurer la sécurité du personnel féminin sur certains
lieux de travail sensibles ainsi que sur le trajet, notamment pour les travailleuses de nuit.
Nous appelons les employeurs publics à accélérer le tempo de l’égalité en lançant des projets et des
débats et en ouvrant des négociations avec nous, partout où des cahiers de revendications ou des
demandes ont été déposés à l’occasion de la grève féministe. Le 14 juin, ce n’était que le début !
SSP/11.09.2019

Communiqué de presse du 14 septembre 2019

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10.09.2019 LE SSP LANCE SON OFFENSIVE POUR DES SERVICES PUBLICS EXEMPLAIRES EN MATIÈRE D’ÉGALITÉ ! PDF (162,9 kB)