Emploi, bébé, égalité : pas évident de jongler

L’arrivée d’un bébé n’est pas neutre en matière d’égalité, tant sur le lieu de travail qu’au sein du couple. Le SSP a donc lancé une campagne, visant à mieux saisir la réalité des mères et des parents (pères/deuxième parent) qui travaillent dans le secteur public et parapublic, à partir de l’annonce de la grossesse ou de l’adoption jusqu’au retour (ou pas) sur le lieu de travail après le congé maternité ou d’adoption.

Eric Roset

Nous présentons un résumé des principaux résultats du sondage du SSP sur la vie des parents salariés (le rapport complet est disponible juste ici).

À l’occasion du 14 juin, le SSP a lancé un sondage «Emploi, bébé, égalité: pas évident de jongler» dans le but de mieux saisir la réalité des parents actifs professionnellement. Nous avons ciblé le secteur public et subventionné et avons lancé le sondage en Suisse romande et alémanique.

Résultats globaux

Au total, nous avons reçu 1684 réponses: 75% sont des mères, 21% des pères/autres parents, 0,6% des personnes non-binaires et un petit 4% n’a pas précisé. Parmi les répondant·e·s, 52% ont une formation de niveau haute école, alors que seulement 13% ont un CFC, ce qui a certainement un impact sur les résultats.

Pendant la grossesse

Lors de l’annonce de la grossesse, 72% des employeurs félicitent la future mère, mais ils sont quand même 22% à rester de marbre ou à faire la tête des mauvais jours. Préoccupant: la moitié des femmes enceintes n’a reçu aucune information sur ses droits, ce qui concerne notamment la protection de la santé. Cette lacune avait été mise au jour par une étude menée par Unisanté [1] entre 2017 et 2020, qui avait conclu que seulement 12% des employées dans le secteur de la santé et 2% dans les entreprises de l’industrie alimentaire seraient protégées conformément aux dispositions légales. Pendant la grossesse, une majorité des travailleuses enceintes (80%) ont été arrêtées. Cela correspond au résultat d’une enquête de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS [2]) et montre la nécessité d’introduire en Suisse un congé prénatal. À Genève, le Grand Conseil vient de renvoyer au Conseil d’État la pétition pour un congé prénatal, lancée par les syndicats à l’initiative du SSP [3]. Une idée qui pourrait essaimer ailleurs.

Bébé et congés

La majorité des mères a bénéficié d’un congé un peu plus long que les 14 semaines de l’allocation fédérale, soit entre 16 et 20 semaines. En cas de prolongation, la mère prend des vacances, des heures supplémentaires ou un congé non payé. Seules 2% ont dit avoir bénéficié d’un congé parental payé. En clair, ce sont les parents qui en assument le coût. Pour les pères/autres parents, depuis 2021, le congé est de deux semaines. Environ un père/autre parent sur dix seulement a bénéficié d’un congé payé plus long. Le congé adoption a été pris dans 7 cas sur 36 parents adoptifs ayant répondu, les autres se partageant entre congé parental payé ou non, vacances et reprises d’heures supplémentaires. Un congé adoption fédéral de deux semaines a été introduit en 2023. Symboliquement important, il reste très insuffisant pour accueillir un enfant.

Retour en emploi

Ce sont 80% des mères qui reprennent le travail chez le même employeur, la majorité au taux d’activité souhaité, et 45% à un taux réduit. En résumé, 12% des femmes disent avoir dû accepter des conditions non souhaitées. D’ailleurs, 15% des mères ne sont pas revenues, en premier lieu parce qu’elles n’ont pas pu réduire leur taux d’activité, n’ont pas trouvé de place d’accueil, ou encore en raison d’une situation pourrie et de pressions, voire d’un licenciement. Un tiers des mères qui n’ont pas repris leur emploi d’avant la grossesse, disent avoir préféré s’occuper à plein temps du bébé ou avoir trouvé une place de travail plus adaptée. Enfin, il ressort qu’il est difficile d’allaiter en travaillant: si 30% ont pu bénéficier des pauses et 16% d’un local, 25% n’ont obtenu ni local, ni pause, et cela, même si allaiter est un droit inscrit dans la loi.

Père/autre parent

Notre sondage s’est aussi intéressé à la situation du père ou autre parent. Dans 45% des cas, l’arrivée de l’enfant n’a pas eu d’impact sur leur parcours professionnel. Un quart a demandé et obtenu une baisse du taux d’activité, mais près de 8% se sont vu opposer un refus et 8% ont changé d’emploi pour avoir du temps avec leur enfant.

Faut que ça change

Sur la base de ce sondage et des revendications que nous avons déjà votées lors de congrès et conférences fédératives, la Commission fédérative féministe a dressé une liste de 14 recommandations. Il faut que les quelques dispositions qui existent soient appliquées, mais il faut surtout développer une véritable politique en faveur des familles qui permette aux parents de partager le travail rémunéré et non rémunéré, en bénéficiant de congés adéquats quels que soit la forme de parentalité, mais aussi le niveau de revenu et l’emploi.

Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP


[1] Unisanté, «La protection de la grossesse au travail», https://www.unisante.ch/fr/unisante/actualites/travailleuses-enceintes-suisse-romande-ne-beneficient-pas-mesures-protection, 2021.

[2] OFAS, Congé de maternité: interruptions de travail pendant et après l’accouchement, https://sozialesicherheit.ch/fr/conge-de-maternite-interruptions-de-travail-avant-et-apres-laccouchement/, 2018.

[3] https://ge.ch/grandconseil/data/texte/P02216A.pdf

Les résultats du sondage et nos recommandations

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17.12.2024 Résultats du questionnaire "emploi, bébé, égalité" PDF (459,5 kB)
Valdemar Verissimo

Plus d'informations sur les droits existants en matière congé maternité, paternité, pour allaitement ou pour proche et enfant malade.