8 mars : nos revendications syndicales

Nous voulons des valorisations salariales, des augmentations des effectifs et des campagnes de prévention contre le harcèlement !

photo Eric Roset

Depuis l’organisation de la Grève féministe, le SSP porte de nombreuses revendications concrètes pour faire avancer l’égalité dans nos secteurs d’intervention. Parmi ces revendications, l’exigence de valoriser les métiers dits féminins, ainsi que l’intensification de la lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel sur les lieux de travail.

En même temps qu’il a limité nos possibilités de manifester, le virus a agi comme un révélateur des tâches indispensable à la société. Les métiers en première ligne n’ont jamais été aussi visibles, et l’opinion publique s’est rendu compte qu’ils sont occupés en grande majorité par des femmes. Applaudies pendant un court moment par la population, vite oubliées des pouvoirs publics qui ont préféré ignorer la nécessité de les valoriser – se contentant, ici ou là mais de loin pas partout, parcimonieusement et le plus souvent après d’âpres négociations, de verser une prime. Un geste certes apprécié par les personnels concernés, mais qui reste insuffisant pour notre syndicat.

Une année plus tard, nous exigeons toujours une vraie valorisation salariale, de meilleures conditions de travail, mais aussi davantage de personnel qualifié. Ces deux revendications, nous les avions déjà posées dans les cahiers de revendications de la Grève féministe du 14 juin 2019. Nous ne les lâchons pas.

Depuis le #metoo et la Grève féministe, le niveau de tolérance au sexisme ordinaire sur les lieux de travail a chuté: les femmes osent davantage dénoncer des pratiques scandaleuses: de la RTS en passant par les écoles jusqu’à l’intérieur de nos syndicats, les témoignages se multiplient. Les femmes, mais aussi toutes les personnes appartenant à des minorités de genre, exigent le respect de leurs corps, de leurs choix, de leurs vies. Notre syndicat a choisi une ligne claire: celle de la tolérance zéro.

Inégalités en hausse
Entre 2014 et 2018, les inégalités salariales entre femmes et hommes ont encore augmenté, souligne la dernière enquête sur les salaires de l’Office fédéral de la statistique (OFS). De 18,1% en 2014, l’écart est passé à 19% en 2018, secteurs privé et public confondus.

Dans le privé, la différence s’élevait à 19,6% en moyenne (19,5% en 2014). Dans le public, est passé de 16,6% en 2014 à 18,1% en 2018. Une nette progression des inégalités!

Dans son enquête, l’OFS sépare la part « explicable » de l’inégalité salariale de celle qui est « inexpliquée ». La part dite inexplicable est considérée comme de la discrimination pure: le travail effectué est moins bien rémunéré parce qu’il est fait par une femme. Cette discrimination a augmenté entre 2014 et 2018, passant de 42,4% à 45,4%. Une honte !

La variable « explicable » prend en compte le niveau de formation, l’ancienneté ou encore la fonction hiérarchique exercée. Cela dit, contrairement à ce que défendent les milieux dominants, « expliquer » une inégalité ne la justifie en aucun cas. En effet, l’écart salarial explicable renvoie à des inégalités concrètes entre hommes et femmes: dès la petite enfance, l’éducation est genrée et les tâches domestiques, éducatives et de soins restent largement assignées aux femmes. Garçons et filles ne font pas les mêmes choix de professions et de filières. Les métiers majoritairement féminins sont moins bien payés, les taux d’activité, les carrières et le partage du travail non rémunéré ne sont pas les mêmes. Conséquence: « En 2018, 60,9% des personnes dont le salaire mensuel à plein temps était inférieur à 4000 francs bruts étaient des femmes. Dans le haut de la pyramide salariale, 81,2% des personnes gagnant mensuellement plus de 16 000 francs bruts sont des hommes».

Si l’on prend en compte les différences de taux d’activité, l’écart entre les salaires nets touchés par les hommes et les femmes est encore plus abyssal (1). Ces inégalités ont aussi des effets néfastes sur les rentes des femmes.

L’égalité salariale est un combat long, mais impératif et légitime. Nous ne lâcherons pas !

Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP


(1) Lire à ce sujet : Jean-François Marquis: Expliquer les inégalités ou les effacer ? Services Publics, N°7, 10 mai 2019.