Assises du 10 mars

Les Assises nationales en vue de la grève des femmes ont eu lieu à Bienne le 10 mars. Dans une ambiance bouillonnante, plus de 500 participantes ont lancé un Appel à la grève.

En train depuis Genève, Lausanne, Zurich ou Berne, en bus depuis le Tessin ou le Jura, à vélo depuis Bienne, engagées dans des collectifs ou simplement sympathisantes, plus de 500 femmes se sont retrouvées pour partager leur détermination à faire la grève.

Un message fort
Ces centaines de femmes ont bravé le mauvais temps pour rejoindre la Maison du peuple de Bienne, déterminées à lancer un message fort: « Le 14 juin 2019 les femmes feront grève et le pays s’arrêtera ! ».

L’objectif de ce dimanche: permettre aux femmes de tisser des liens, de se rencontrer et afin de construire ensemble un mouvement de lutte historique. Pour l’occasion s’était organisé un village féministe regroupant des stands remplis de journaux, de tracts, d’affiches, de banderoles, de créations artistiques, de t-shirts, de sacs et autres badges réalisés et vendus par les différents collectifs.

Changeons la société !
Ce premier contact s’est poursuivi par une présentation de l’ensemble des collectifs constitués dans la veine des Assises romandes du 2 juin 2018, date symbole de la naissance de cette mobilisation. Plusieurs militantes et collègues du SSP ont pris la parole pour présenter les collectifs régionaux et évoquer les actions et événements organisés par ces derniers. Ces femmes ont montré le rôle central joué par notre syndicat dans cette mobilisation: Catherine Friedli du SSP – Région Fribourg, Léa Ziegler du SSP – Région Neuchâtel ou encore Maria Pedrosa du SSP – Région Vaud ont pris la parole pour partager leur détermination ainsi que leur confiance face à la capacité du mouvement à arracher l’égalité. Le mot d’ordre était lancé. Il a été repris tout au long de la journée : « Changeons la société, pas les femmes ! ».

Appel national à la grève
La seconde partie des Assises s’est poursuivie par la concrétisation d’un appel national à la grève exposant en 17 points les volontés du mouvement. La version finalisée du manifeste a vu le jour après des échanges et débats sur les revendications centrales du mouvement. Ce dernier lance un message fort et clair: les femmes passent à l’offensive pour défendre une société sans discriminations, basée sur le respect et la solidarité. C’est ce qu’illustre cet Appel, qui réclame notamment une réduction du temps de travail, des salaires égaux, un congé parental, une valorisation des métiers du care et dits féminins, la fin d’un système économique patriarcal basé sur le profit, un statut régularisé et une législation qui protège celles qui viennent d’autres pays, un service public fort, la liberté de nos choix en matière de sexualité et d’identité de genre, la fin des stéréotypes de genre dans la culture et l’éducation, la gratuité de la contraception, la fin des taxes roses, etc.

Solidarité internationale
Sous une nuée d’applaudissements, de poings levés et de mains mimant des vulves, dix-sept femmes ont lu, chacune dans leur langue, ces revendications. En criant en cœur des slogans appelant à la grève, à la lutte et à la solidarité avec les femmes du monde entier, les présentes ont accepté à l’unanimité ce manifeste qui constitue désormais un cri national et une boussole qui guidera le mouvement jusqu’à la grève féministe du 14 juin prochain.

Chargé en émotion et en énergie combative, ce moment de grande cohésion et de sororité s’est couronné par un duplex avec deux militantes, espagnole et allemande, ayant participé aux actions du 8 mars dans leur pays respectif.

Ce lien, tissé avec les mouvements internationaux de lutte pour l’égalité, a inscrit la grève helvétique au sein d’une solidarité globale. Par ailleurs, c’est en annonçant le soutien des Allemandes et leur volonté de réaliser une action le 14 juin que la camarade germanique a conclu son intervention sous les acclamations de la salle.

C’est donc emplies de motivation et nourries des récits de la grève de 1991, relatés notamment par Geneviève de Rham, militante historique du SSP au CHUV, et Michela Bovolenta, secrétaire centrale SSP, que les femmes sont rentrées dans leurs régions respectives.

2019, année féministe
Il est désormais certain que cette vague féministe sera massive et qu’elle emmènera avec elle des femmes de tous statuts, de tous secteurs d’activités, de toutes générations et de tous profils. Pour reprendre un slogan que l’on pouvait lire sur de nombreuses pancartes: « 2019 sera féministe ou ne sera pas ! ».

Marine Ehemann, Propagandiste SSP