Le Message consacré à la formation, la recherche et l’innovation (Message FRI) a une importance majeure car il détermine le financement et les priorités de ces domaines pour les 4 années à venir.
Sur les 200 pages que contient le Message, le Conseil fédéral ne cesse de souligner l’importance de la formation et de la recherche. Mais il prévoit une diminution des moyens financiers qui leur sont accordés, ce qui va automatiquement conduire à leur affaiblissement.
C’est avec consternation que nous avons pris connaissance de la position de la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil des États, qui s’oppose aux maigres améliorations décidées par le Conseil national et propose au plénum de s’en tenir au projet du Conseil fédéral.
On rappellera que dans une première version du Message, le Conseil fédéral prévoyait une croissance des dépenses limitées à 2% pour la période 2025-2028. Compte tenu de l’inflation, ce taux signifiait une stagnation du financement, ce qui n’est pas compatible avec les nombreux enjeux qui attendent ce domaine. Des milieux aussi divers que le Conseil des EPF, la Conférence des directions cantonales de l’instruction publique (CDIP) et les syndicats ont plaidé pour un taux de croissance de 2,5%.
Par la suite, dans le cadre de son programme d’austérité drastique, le Conseil fédéral a revu à la baisse le plafond de dépenses, le réduisant à 1,6%. Cela signifie clairement, en prenant en compte le renchérissement, une réduction des moyens alloués aux institutions de formation telles que les hautes écoles. Cela implique aussi l’abandon ou le redimensionnement de nombreux projets de recherche. Les conséquences pour la qualité de la formation et de la recherche seraient sérieuses, tout comme les répercussions sur les étudiant·es et sur les conditions de travail du personnel.
En juin dernier, le Conseil national a adopté le Message FRI en corrigeant quelque peu le projet du Conseil fédéral. Il a ainsi alloué 152 millions supplémentaires, ce qui permet de faire passer le taux de croissance de 1,6% à 1,7%. Toute amélioration est évidemment bienvenue, mais on reste bien en dessous des montants qui seraient nécessaires.
En vue du débat au Conseil des Etats, le SSP maintient donc sa demande d’une croissance de 2,5%.
En outre, notre syndicat est absolument opposé à toute forme de sélection par l’argent. Il rejette donc l’augmentation des taxes dans les écoles polytechniques pour les étudiant·es venant de l’étranger, que ce soit dans la version adoptée par le Conseil national (au moins triplement des taxes) ou dans celle proposée par la commission du Conseil des Etats (au moin un doublement). Il dénonce également avec la plus grande énergie les propositions émanant du groupe d’experts mis en place par Karin Keller Sutter : dans toutes les hautes écoles, doublement des taxes d’études pour les étudiant·es suisses et quadruplement pour celles et ceux de l’étranger.
Le SSP souligne en outre, à l'instar de l'Union des étudiant-e-s de Suisse (UNES), qu'une augmentation des taxes d'études n'alourdirait pas seulement la charge financière des étudiant-e-s, mais aurait également un impact négatif sur l'ensemble du système universitaire. Un renforcement des inégalités sociales dans les hautes écoles limiterait considérablement l'échange d'idées et de perspectives, ce qui est essentiel pour la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le SSP demande donc une politique qui reconnaisse l'importance de l'enseignement supérieur en tant que bien public et qui s’emploie à réduire les inégalités sociales quant à son accès. En tant que syndicat du service public, le SSP s'engage pour un financement solidaire de la formation et rejette toute tentative de faire porter le poids des coupes budgétaires sur les étudiant·es et les employé·es.