Ne rien lâcher !

de: Michela Bovolenta, secrétaire centrale

À l'approche du 14 juin, le SSP lance un sondage sur la conciliation entre la maternité/la parentalité et l'emploi. Il insiste sur l'importance de s'engager pour l'égalité sur les lieux de travail et contre la réforme de la LPP, qui sera soumise au vote en septembre.

Eric Roset

Il y a cinq ans, une grève féministe historique avait secoué le pays avec une vague violette jamais vue en Suisse. L’ampleur et la force de la mobilisation nous ont permis de tenir pendant les années de pandémie et de revenir en force le 14 juin 2023. Cette fois, le SSP a voulu davantage ancrer la grève féministe sur les lieux de travail.

En Suisse romande ce pari a été réussi avec 130 lieux de travail mobilisés et plus de 20 cahiers de revendications déposés. Or force est de constater que si les revendications de la grève féministe avancent lentement, celles liées au monde du travail peinent encore plus à s’imposer. Le SSP est pourtant confronté à des employeurs publics, des conseils d’État dans lesquels siègent aussi des femmes, de gauche, se déclarant féministes et qui devraient jouer un rôle exemplaire en matière d’égalité. Et pourtant, rien n’avance. À l’image du Conseil d’État fribourgeois qui, depuis une année, procrastine et trouve des excuses pour ne pas ouvrir de négociations sur les revendications du SSP.

Ce manque de volonté politique n’est pas un hasard, mais l’expression du pouvoir de l’économie capitaliste, qui se nourrit du travail mal payé et du travail gratuit des femmes. Ainsi, si tout le monde se déclare pour l’égalité, le consensus disparaît dès que nous exigeons de meilleurs salaires (signez la pétition du SSP – Région Vaud pour une revalorisation des salaires dans la santé parapublique), davantage de congés (comme le fait le SSP – Région Genève avec la pétition pour un congé prénatal), voire une réduction du temps de travail.

C’est même le contraire qui se passe: les conditions de travail se détériorent et les femmes paient le prix fort, comme le montre une enquête de l’OFS sur la santé au travail. Depuis des années, les pouvoirs publics, quelle que soit la couleur de la majorité, mènent des politiques d’austérité et la droite s’oppose avec virulence à tout progrès social qui implique ne serait-ce qu’une petite part de redistribution. Cette année, elle a investi des millions pour contrecarrer la 13e rente. En ce moment, elle combat sans états d’âme l’initiative pour le plafonnement à 10% des primes de l’assurance-maladie (il est encore temps de voter!), sans égard pour les familles ou les personnes à la retraite qui suffoquent sous le poids des primes. À peine cette votation passée, les partis de droite et les lobbys des assurances vont déployer des moyens considérables pour gagner la votation sur la réforme de la LPP, d’autant qu’ils ont la rage d’avoir perdu sur la 13e rente.

Ce déploiement de force est bien la preuve que la réforme de la LPP n’est pas, comme on essaye de nous le faire croire, une réforme en faveur des femmes, mais bien une réforme en faveur du business du deuxième pilier. La réforme de la LPP va distribuer 2,1 milliards de francs de cotisations supplémentaires, majoritairement prélevées sur les jeunes et les bas salaires, aux assureurs et aux caisses de pensions, cependant que les rentes promises vont globalement baisser. Une réforme de la prévoyance vieillesse en faveur des femmes ne peut se faire sans reconnaître la valeur du travail non rémunéré, ce qui implique non seulement d’introduire dans la LPP un mécanisme de bonus éducatif et de splitting, mais aussi des mesures de redistribution solidaire entre les hauts et les bas salaires.

En effet, l’arrivée d’un-e enfant renforce les inégalités de genre préexistantes. Cette réalité n’est pas assez prise en compte, ni dans le monde du travail, ni dans les assurances sociales. Et c’est pourquoi le SSP profite du 14 juin pour lancer un sondage sur l’impact de la grossesse et/ou de l’arrivée de l’enfant sur le parcours professionnel des parents, en particulier des mères. Répondez à notre sondage et faites-le circuler auprès de vos collègues!