Malgré cet échec dans les urnes, nous avons forcé le débat sur les immenses failles du système de santé et l’orientation que la majorité parlementaire et le Conseil fédéral veulent lui donner.
La LAMal est une assurance sociale censée offrir à la population des soins de qualité et protéger de manière universelle contre les conséquences de la maladie. Elle devait consacrer une solidarité entre les malades et les bien-portants. Cette solidarité est très imparfaite puisqu’elle n’existe pas entre riches et pauvres. Au lieu de combler cette lacune, les autorités fédérales les aggravent et cherchent à façonner la LAMal pour en faire une source de surprofits élevés et garantis pour des groupes d’entreprises bien placées dans la finance internationale. Elles cherchent à transférer le pouvoir sur le système aux caisses-maladies.
Cette politique conduit à priver de soins ¼ de la population et à rationner la majorité des salarié·es et des pensionné·es, tandis que les personnels de santé et la plupart des médecins subissent des conditions de travail infernales.
La logique est exactement la même que pour le 2e pilier du système de retraite. Une poignée de grandes assurances cotées en bourses dictent leur loi du profit à plus de la moitié des salarié·es en Suisse. Conséquences : nous n’avons jamais payé autant de primes LAMal et de cotisations au 2e pilier alors que l’accès aux soins et à une retraite digne n’est plus garanti.
Dans les deux domaines, les attaques sont menées en prétextant l’allongement de l’espérance de vie et les « coûts de la santé ». Ces personnes qui façonnent l’opinion ne parlent jamais des « profits » sur les soins, les personnels de santé et les patient·es.
Pouvoir se soigner et ne pas devoir travailler pour gagner sa vie jusque dans la vieillesse sont des objectifs logés au plus profond de l’histoire de l’humanité. Les atteindre est le fruit d’une lutte constante.
Comme nous l’avons fait avec cette campagne contre EFAS, cette mobilisation face au système de santé passe par la critique implacable des maux du système et des prétendues solutions que veulent nous imposer les amis des caisses-maladies, des cliniques et des entreprises pharmaceutiques au Palais fédéral.
Cela ne suffit pas. Il nous faut proposer des solutions. Elles doivent reposer sur l’expérience et les compétences des personnels de santé, les besoins des patient·es et le débat démocratique. L’exact inverse d’EFAS et de l’orientation que veulent nous imposer les autorités fédérales. Ces dernières veulent faire des caisses-maladies, entités privées qui n’ont pas de compte à rendre à la population, les vrais patrons des personnels de santé et les décideurs en dernier recours des soins dont a besoin la population.
La route est encore longue. Elle ne peut être menée à son terme que par une union des personnels de santé et des patient·es. Conditions de travail et qualité des soins sont intrinsèquement liées.
La prochaine étape sera de refuser que la majorité parlementaire soumette complètement les patient·es à leurs caisses-maladies comme le veut le Conseil des Etats. En parallèle, il nous faut nous engager en faveur d’un financement correspondant à la capacité des assuré·es. Il n’est plus possible que l’aide-soignante paient les soins à part égal avec les nombreux milliardaires que compte ce pays.
Nous poursuivons donc notre mobilisation pour un réel service public de la santé et restons solidaires avec les collègues qui dans les soins se battent pour leurs conditions de travail, leur dignité, celle des patient·es et des résident·es.
Sans le SSP, EFAS n’aurait jamais été soumis au vote populaire. Notre force, c’est l’action collective et l’organisation sur les lieux de travail. Alors encouragez vos collègues à rejoindre le syndicat dès maintenant !
Christian Dandrès, président du SSP