Nous profitons de la journée féministe internationale qui a lieu aujourd’hui partout dans le monde, et donc aussi en Suisse romande pour faire un point de situation sur quelques-unes de nos revendications centrales, qui sont les salaires, le temps de travail, la conciliation et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Salaires
L’égalité salariale n’est toujours pas acquise. Dans le secteur public, les analyses menées avec l’outil Logib ne détectent qu’un écart en dessous du seuil de tolérance fixé à 5%. Or, depuis longtemps, nous demandons qu’il soit supprimé, car il ne se justifie ni statistiquement, ni légalement [1]. Surtout, cet outil ne permet pas de déceler le principal problème des bas salaires féminins, soit la dévalorisation des métiers de la santé, de l’accompagnement et de l’éducation. C’est pourquoi nos revendications portent sur l’introduction d’un salaire minimum et sur la valorisation des métiers féminins. Mais ces revendications impliquent de changer de paradigme et d’investir davantage dans ces secteurs, et donc dans les services publics. Or, c’est le contraire qui se passe sous la pression de la droite. Ce combat difficile, nous allons le poursuivre sans relâche.
Temps de travail
En dix ans, le travail à temps partiel a progressé trois fois plus que le plein-temps et davantage chez les hommes. Mais cela reste une affaire de femmes, car trois quarts des mères et la moitié des femmes sans enfants travaillent à temps partiel contre 14% des pères et 16% des hommes sans enfants. Or le temps partiel a un impact sur le salaire, la carrière et la retraite. Le besoin de réduire le taux d’activité, quelle qu’en soit la raison, doit se traduire par une baisse de la durée légale du travail sans baisse de salaire. On en est pourtant loin. Au Parlement, le sénateur PLR, Damian Müller, veut une déduction fiscale pour favoriser le plein-temps… et le Conseil fédéral se dit prêt à «présenter des mesures [2]», alors qu’il a refusé toutes les propositions allant dans le sens d’une baisse du temps de travail. Le SSP a adopté plusieurs propositions et résolutions pour la réduction du temps de travail. Il s’agit maintenant de les concrétiser par la lutte syndicale.
Conciliation
On en parle beaucoup et on peut se réjouir de quelques avancées modestes, mais nécessaires comme les congés paternité ou adoption de deux semaines, l’allocation pour enfant gravement malade, la prolongation de l’allocation maternité en cas d’hospitalisation du bébé ou de la mère, ou encore le congé pour enfant ou proche malade, ce dernier n’étant pas toujours appliqué partout dans le secteur public. Ce n’est déjà pas mal si on regarde vingt ans en arrière et cela montre que, à petits pas, nos revendications avancent. Mais ce n’est de loin pas assez si on prend en compte les besoins des travailleuses. Les femmes du SSP ont adopté une série de revendications pour une politique de l’égalité concrète: aux mesures pour concilier travail et famille s’ajoutent des mesures en matière de santé sexuelle et reproductive, qui touchent les femmes, mais aussi notamment des personnes trans. Tout un chantier qui s’ouvre et qui doit aboutir sur une campagne du SSP dans les mois à venir.
Violence de genre
En Suisse, le harcèlement sexuel est interdit sur les lieux de travail. Pourtant, le monde du travail reste imprégné de sexisme et de violence de genre. En 2019, l’Organisation internationale du travail (OIT) a adopté la Convention 190 concernant l’élimination de la violence et du harcèlement sexuel dans le monde du travail. Le Conseil fédéral s’est engagé à la signer. Mais, en septembre, le Conseil des États a refusé la ratification et l’a renvoyée au Conseil fédéral pour clarifications. C’est décevant, car la Convention consolide les dispositions déjà en vigueur et contient des mesures de prévention, de soutien et de réparation des victimes. Cette situation est exemplaire de l’ensemble de la politique de l’égalité qui n’avance que sous la pression du mouvement syndical et féministe.
A nous de continuer le combat!
[1] Voir: BEFH, «Réflexion empirique sur le seuil de tolérance utilisé lors des contrôles de l’égalité salariale», 2021.
[2] https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20234010