En effet, aujourd’hui, une mère peut reprendre une activité professionnelle après les huit semaines d’interdiction de travailler, inscrites dans la Loi sur le travail depuis le XIXe siècle. Mais elle perd alors le droit aux allocations.
Confrontée personnellement à cette situation, la conseillère nationale du parti Verts libéraux, Kathrin Bertschy a fait recours jusqu’au Tribunal fédéral et a perdu. Le parlement a alors décidé de changer la pratique pour les élues, mais pour ce faire il faut changer la Loi sur les allocations pour perte de gain, ouvrant ainsi une brèche dans laquelle s’engouffre la droite pour exiger une flexibilisation du congé maternité pour toutes les salariées ! Or la situation d’élue et celle de salariée n’est pas comparable. Et d’autres solutions existent, comme la désignation d’un·e remplaçant·e qui pourrait siéger aussi dans les cas d’absence pour maladie.
Présentée comme une flexibilisation favorable aux mères qui pourraient ainsi choisir de reprendre un peu le travail, cette mesure risque de se retourner contre les travailleuses, en particulier celles qui ont des conditions de travail précaires ou qui sont soumises à une forte pression hiérarchique. Car tout le monde n’a pas le pouvoir des élues. Une coiffeuse à qui on demande de reprendre le travail le vendredi et le samedi, car ce sont de grosses journées pour le salon, ne pourra souvent pas refuser. Elle se verra ainsi contrainte de diluer son congé maternité. Une infirmière ou une ASSC travaillant dans les soins à domicile pourrait être appelée à faire des remplacements au pied levé huit semaines à peine après son accouchement. En cas de refus, ces travailleuses pourraient être licenciées, puisque la protection contre le licenciement prend fin seize semaines après l’accouchement.
Pour le SSP, le congé maternité fédéral est déjà trop court. Il ne doit être réduit d’aucune manière. Aussi, nous nous opposons à toutes les initiatives qui vont dans le sens d’une réduction du congé maternité. C’est le cas notamment du congé parental qui sera soumis en votation à Genève le 18 juin: sous prétexte d’égalité, le texte propose un faux « congé parental », qui revient de fait à réduire le congé maternité (de 16 à 14 semaines à Genève) dans le but d’allonger le congé paternité.
Le congé maternité, que nous avons conquis de haute lutte, est déjà très minimaliste: il doit être renforcé et non réduit. Nous sommes favorables à un congé paternité plus long, de même qu’à l’extension de ces congés aux parents de même sexe et aux parents adoptant un enfant. Nous sommes aussi favorables à un congé parental égalitaire, mais qui doit venir s’ajouter aux congés maternité et paternité.