Etat de Vaud: bataille exemplaire pour le service public

de: Guy Zurkinden, rédacteur Services Publics

La mobilisation de la fonction publique vaudoise le 31 janvier était impressionnante. Nos collègues nous montrent le chemin à suivre pour défendre nos conditions de travail et le service public

Valdemar Verissimo

«La fonction publique descend en masse dans la rue. Il faut remonter au 31 janvier 2008, soit pile quinze ans en arrière, pour retrouver une manifestation d’une telle ampleur» (24 heures, 1er février 2023).

Plus de 2000 grévistes, de nouveaux secteurs mobilisés, près de trois fois plus de manifestant-e-s, brandissant une multitude de pancartes réalisées sur les lieux de travail. Mardi 31 janvier, la mobilisation de la fonction publique vaudoise est montée en puissance – alors que celle du 23 janvier avait déjà impressionné.

«Après des années compliquées, nous avons la sensation que notre employeur nous crache au visage», témoignait une gréviste. La colère des salarié-e-s est grande. À la hauteur de la claque que leur a infligée le Conseil d’Etat.

Dans les secteurs public et parapublic, le Covid a en effet accru encore un stress et une souffrance au travail déjà élevés, causés par les politiques d’austérité et les logiques de privatisation. Or loin de reconnaître ces efforts, le nouvel exécutif vaudois, désormais à majorité de droite, impose de fait une baisse de salaire réel à ses employé-e-s. Pourtant, l’Etat est assis sur une fortune de 5,3 milliards de francs. Et il a multiplié, au cours des dernières années, les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux nanti-e-s.

La colère est renforcée par l’attitude méprisante de l’exécutif, incarnée par sa présidente libérale-radicale, Christelle Luisier. Balayant les revendications exprimées par des milliers de salarié-e-s, le Conseil d’Etat refuse toute discussion sur les salaires et veut discréditer les syndicats en diffusant des chiffres trompeurs. Avec la complicité du parti libéral-radical, il tente même d’intimider le fer de lance du mouvement: les enseignant-e-s.

Appuyé par un parlement dominé lui aussi par la droite, le Conseil d’Etat délivre ainsi un double message à ses employé-e-s. D’une part, les attaques contre le service public et parapublic vont s’accentuer sous sa législature – en même temps que s’accroîtront les cadeaux fiscaux pour les riches. De l’autre, le gouvernement n’entend plus négocier, même à la marge, ses options fondamentales avec les représentant-e-s des salarié-e-s. Il privilégie le passage en force.

Cette attitude est le reflet d’une tendance plus générale: celle d’une droite et d’un patronat qui durcissent leurs offensives contre le monde du travail. Comme le souligne Jean Christophe Schwaab, en 2023 «la droite libérale a plusieurs projets pour augmenter la flexibilité et la précarité» (24 heures, 30 janvier 2023). Ses attaques porteront à la fois sur le temps de travail, le travail de nuit, le système de retraites, les salaires et le service public.

Dans le canton de Vaud, cette offensive antisociale se heurte aujourd’hui à la mobilisation et la grève massives – rendus possibles par une construction syndicale de longue haleine sur le terrain – de la fonction publique. Nos collègues vaudois-e-s nous montrent ainsi le chemin à suivre pour résister à la précarisation du travail et à la destruction du service public.

Leur prochaine mobilisation, le 9 février, devra faire l’objet de toute notre solidarité.