560 milliards de francs. C’était, selon le magazine Bilan, lepatrimoine des 300 plus riches de Suisse en 2012. Dix ans plus tard, leur fortune s’élève à 820 milliards de francs. Cette augmentation spectaculaire (près de 50% !) contraste avec le recul de leur pouvoir d’achat subi par des dizaines de milliers de salarié·e·s durant la même période.
Les inégalités sociales ont donc pris l’ascenseur. Au cours des deux dernières années, la situation s’est même corsée. Après avoir baissé de 0,8% 2021, les salaires réels chuteront certainement de 2% en 2022, du jamais-vu depuis des décennies. Cette tendance risque de se maintenir en 2023: dans un contexte nouveau, marqué par une reprise de l’inflation, les mobilisations syndicale n’ont pas été suffisantes pour arracher les augmentations nécessaires – y compris dans la fonction publique.
L’année 2022 a été marquée par un autre recul social: l’acceptation, sur le fil, de la contre-réforme AVS 21. Dès 2025, les travailleuses de ce pays devront trimer plus longtemps – ce qui contribuera à augmenter la plus-value retirée sur leur dos par le patronat.
Encouragé par ses succès, le camp bourgeois continue sur sa lancée. Dernièrement, la majorité de droite au Conseil des Etats a approuvé une nouvelle mouture du projet LPP 21. Celle-ci pourrait entraîner une baisse significative (200 francs par mois pour certain·e·s assuré·e·s) des rentes versées par le 2e pilier. En parallèle, les partis bourgeois concoctent un nouveau cadeau fiscal pour les géants du transport maritime et du négoce (la « taxe au tonnage ») – et s’efforcent d’appliquer le taux d’imposition minimal (15%) des multinationales, décidé par l’OCDE, de la manière la plus favorable aux actionnaires.
L’élection d’Elisabeth Baume-Schneider au Conseil fédéral ne changera malheureusement pas une virgule à ce scénario: la nouvelle répartition des départements au sein de l’exécutif a même été l’occasion d’une « démonstration de force du camp bourgeois »[1]. C’est notamment la libérale-radicale Karin Keller-Sutter, ex-membre du comité de l’Union patronale suisse, qui reprendra le département des Finances. Mme Keller-Sutter a déjà annoncé « des décisions qui feront mal » [2].
2022 a aussi été l’année de vives résistances. On pensera à la bataille menée par les syndicats et la Grève féministe contre AVS 21; aux mobilisations pour les salaires organisées dans de nombreux cantons; à la vivacité des mobilisations féministes; au mouvement de grève des ASSC à Genève, qui continue; à la grève des maçons, forte en Suisse romande et italienne; aux innombrables batailles de terrain visant à améliorer conditions de travail et revenus.
En 2023, la priorité sera de renforcer ces luttes. Avec deux temps forts en perspective: la grève féministe du 14 juin, qui pourrait à nouveau faire souffler un vent progressiste, si nécessaire, sur tout le pays; et la reprise des mobilisations pour défendre les salaires et le pouvoir d’achat.
D’ici là, le Syndicat des services publics vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.
[1] Le Temps, 9 décembre 2022.
[2] Blick, 9 décembre 2022.