Renforcer le mouvement contre la guerre

de: Guy Zurkinden, rédacteur «Services Publics»

Face à la barbarie, la priorité doit être de renforcer le mouvement de lutte contre la guerre et de solidarité avec la population ukrainienne.

Valdemar Verissimo

Depuis le 24 février, la population ukrainienne vit sous les bombes de l’armée russe. Hôpitaux, écoles, infrastructures vitales, immeubles résidentiels: la guerre lancée par Vladimir Poutine vise désormais directement les civils. Plus de trois millions de personnes, des enfants pour la moitié, ont dû fuir leur pays.

Face à la barbarie, il n’y a pas à tortiller. La condamnation de l’agression militaire et l’exigence d’un retrait immédiat des troupes russes s’imposent. Toute notre solidarité doit aller à la population ukrainienne et à sa courageuse résistance. L’accueil des réfugié-e-s doit se faire sans conditions, ni discriminations. Notre soutien aux opposant-e-s russes à la guerre – depuis le début du conflit, plus de 15 000 d’entre elles et eux ont déjà été emprisonnés par un régime autocratique – doit aussi être total.

En Suisse, ces revendications sont défendues par les comités de solidarité avec l’Ukraine et le mouvement syndical. Elles ont été appuyées par des dizaines de milliers de manifestant-e-s dans les principales villes du pays.

La priorité doit être de renforcer ce large mouvement de lutte contre la guerre et de solidarité avec la population ukrainienne, dans un esprit internationaliste.

Comme tout basculement historique, ce conflit pose aussi une série d’enjeux cruciaux pour une majorité de la population mondiale, qui sont autant de défis auxquels les syndicats et les mouvements sociaux doivent chercher des réponses. Risquons-nous à en évoquer quelques-uns.

Il y a d’abord le danger d’un débordement du conflit et le risque d’une guerre nucléaire. Cette issue menacerait l’existence de millions de personnes sur le globe. Elle doit absolument être évitée.

La guerre lancée par la Russie aiguise aussi la course aux armements, pour le plus grand profit du complexe militaro-industriel. En pleine montée des nationalismes, le renforcement de budgets militaires déjà massifs augmentera encore les tendances bellicistes. Et leur financement se fera au détriment de la satisfaction des besoins sociaux essentiels – alimentation, santé, éducation, etc.

Chaque guerre est une catastrophe écologique. Or le conflit en Ukraine est utilisé par la droite et les lobbys économiques pour mettre définitivement le holà à toute lutte sérieuse contre le réchauffement climatique. Pour éviter ce désastre, le refus de la guerre doit s’accompagner de l’exigence d’une sortie des énergies fossiles – qui sont elles-mêmes une des causes de la guerre en cours – et du nucléaire.

La guerre aura un coût économique et social élevé. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, met en garde contre « un ouragan de famines » dans les pays du Sud. Et partout, le patronat tentera de faire porter le poids de la crise sur les épaules des salarié-e-s en licenciant, en baissant les salaires et en attaquant les droits sociaux.

La guerre en Ukraine a déjà forcé plus de 3 millions de personnes à l’exil. L’accueil solidaire des réfugié-e-s d’Ukraine prouve qu’il est possible de mettre en œuvre rapidement une vraie politique d’accueil. Cette solidarité doit s’étendre à toutes et tous les réfugié-e-s, quelle que soit leur origine – ce qui implique d’en finir avec « l’Europe forteresse ».

Dans ce contexte tourmenté, une lueur d’espoir: la mobilisation, largement spontanée, de centaines de milliers de personnes contre la guerre, ainsi que l’immense solidarité qui s’exprime avec la population et les réfugié-e-s ukrainiens.

Renforcer et universaliser cette solidarité sera une tâche décisive dans les jours et les semaines qui viennent. Ce sera aussi la meilleure manière d’aborder les enjeux de taille qui se posent aujourd’hui à la classe travailleuse. Le mouvement syndical doit donc s’impliquer avec détermination dans ce mouvement.

Dans cet objectif, les comités locaux de solidarité avec l’Ukraine appellent à une mobilisation nationale massive à Berne dans les délais les plus brefs possibles.

À cette occasion, soyons des dizaines de milliers à défiler contre la guerre, en solidarité avec la population d’Ukraine et les opprimé-e-s du monde entier.