Des mesures pour contrer la pénurie d’enseignant·e·s !

Le manque d'enseignant·e·s s'aggrave dans toute la Suisse. Les autorités n’ont pas su prendre des mesures à temps, malgré les demandes insistantes de notre syndicat. Dans plusieurs cantons alémaniques, des centaines de postes restent encore vacants pour la rentrée prochaine. Les cantons romands risquent de se retrouver prochainement dans une situation similaire. La CDIP et les autorités cantonales doivent agir d’urgence.

Eric Roset

En 2018 déjà, les enseignant·e·s du SSP tiraient la sonnette d'alarme avec leur pétition nationale «Laissez-nous enseigner!». Constatant que de nombreux·euses collègues étaient au bord de l'épuisement, les 6000 signataires et le SSP exigeaient de la CDIP et des directions cantonales de l’instruction publique que des mesures urgentes soient prises pour diminuer la charge de travail:

  • réduction des tâches administratives;
  • instauration d’une culture basée sur la confiance, la reconnaissance et le dialogue de la part de la hiérarchie et des autorités politiques, et non sur le contrôle;
  • baisse des effectifs des classes;
  • soutiens spécifiques et adaptés à chaque besoin particulier par des professionnel·le·s compétent·e·s.

La pandémie de coronavirus a aggravé la situation, comme l’a montré notamment une enquête du SSP début 2021. Les responsables politiques n’ont rien voulu entendre et nos demandes ont été ignorées.

Aujourd’hui, les autorités semblent surprises, alors que la pénurie d'enseignant·e·s était prévisible. Dans de nombreux cantons alémaniques, des classes risquent de se retrouver sans enseignant à la rentrée. Les écoles cherchent désespérément à repourvoir les postes et engagent des personnes n’ayant aucune connaissance de la profession. Les enseignant·e·s déjà surchargé·e·s doivent en plus soutenir et coacher des enseignant·e·s non formé·e·s. La charge de travail augmente et la qualité de l'enseignement diminue. Sophie Blaser, présidente de la commission SSP Formation, éducation et recherche, met en garde: «Avec des enseignant·e·s non formé·e·s, le droit à la formation des élèves ne peut pas être garanti comme il devrait l’être». Elle ajoute que la pénurie actuelle d'enseignant·e·s est «une crise de l'éducation et témoigne de l'inaction du monde politique». En Suisse romande, la pénurie se fait moins sentir mais la situation est qualifiée partout de «tendue» et risque de se dégrader ces prochaines années.

En plus des mesures pour remédier à la surcharge de travail, une revalorisation de la profession d’enseignant·e s’impose. Certains cantons sont à la traîne en ce qui concerne les conditions d’engagement. L'écart salarial entre les différents niveaux scolaires et entre les cantons est gigantesque et ne s'explique plus depuis longtemps par les usages locaux. De plus, les cantons ont mis en œuvre des mesures d'économies touchant les salaires, réduisant ainsi l’attractivité de la profession. On voit en Suisse alémanique des écoles se livrer à une concurrence entre elles, allant jusqu’à offrir des primes pour attirer des enseignant-e-s. Ce sont les élèves qui font les frais de cette situation. Et c’est seulement grâce aux efforts particuliers des enseignant·e·s qu’une éducation de qualité peut encore leur être fournie.

La situation de l’emploi va s'aggraver dans les années à venir. C'est pourquoi nous demandons à nouveau à la CDIP et aux directions cantonales de l'instruction publique d'améliorer rapidement et durablement les conditions de travail.