AVS 21 : la campagne est lancée!

de: USS

Le 1er juillet, une alliance regroupant syndicats, mouvement féministe et partis de gauche a lancé sa campagne contre la AVS 21. Cette contre-réforme veut faire des économies sur le dos des femmes… et prépare l’élévation de l’âge de la retraite pour tous.

photo Eric Roset

Une fois de plus, les scénarios catastrophe échafaudés pour l’AVS se sont avérés erronés: il y a quelques semaines, le Conseil fédéral a dû revoir ses prévisions à la hausse. Le projet de démantèlement de l’AVS sur le dos des femmes en est d’autant moins acceptable.

Le Conseil fédéral et le parlement ferment les yeux sur la situation déjà peu enviable des femmes: celles-ci touchent un tiers de rentes en moins que les hommes, et ne peuvent pratiquement compter que sur l’AVS. Cet écart reflète les inégalités en matière d’emplois et de salaires. Les femmes assument majoritairement des activités professionnelles astreignantes – mais moins bien payées – par exemple, dans le nettoyage, la vente, le travail de « care », la santé et les soins. Et ce sont souvent les femmes qui s’occupent des enfants, des petits-enfants, des parent-e·s âgé·e·s ou des proches malades. Elles occupent dès lors fréquemment un emploi à temps partiel – quatre femmes avec enfants sur cinq n’ont pas de poste à plein temps – et touchent des revenus plus bas.

26 000 francs de moins par an
Globalement, les femmes gagnent 33% de moins que les hommes. Pourtant, si l’on fait le total du travail non rémunéré et du travail payé, elles effectuent autant, voire plus d’heures de travail chaque semaine. Ces inégalités amènent un nombre élevé de femmes à toucher, à la retraite, des rentes scandaleusement basses. Et pourtant, ce sont elles qui feraient les frais d’AVS 21 ! En raison de l’élévation de l’âge de la retraite à 65 ans, les femmes perdraient l’équivalent d’une année de rente AVS – soit près de 26 000 francs.

En cas de oui à AVS 21 le 25 septembre, la prochaine étape sera pour 2026 au plus tard. Le parlement a décidé que le Conseil fédéral doit lui soumettre d’ici là une réforme portant sur les questions « structurelles » de l’assurance vieillesse. En d’autres termes, il s’agit de relever l’âge de la retraite pour tout le monde. Le parlement devra également s’occuper de l’initiative sur les rentes, lancée par les jeunes libéraux-radicaux. Des coupes rases sont également à craindre dans la réforme de la LPP, où il faudrait payer plus pour toucher une rente moindre. AVS 21 joue donc le rôle de premier violon dans le démantèlement bien orchestré des rentes. Seul un non le 25 septembre peut mettre le holà à cette évolution !

Fin de carrière au chômage
Aujourd’hui, les 60 à 64 ans constituent le groupe d’âge affichant le taux de chômage le plus élevé. Et le chômage baisse plus lentement parmi la main-d’œuvre en fin de carrière, dont les perspectives sur le marché du travail sont mauvaises – car rares sont les employeurs qui lui accordent une chance. Dans l’hôtellerie-restauration, dans la santé et le social comme dans le commerce de détail, un nombre croissant de femmes en fin de carrière se retrouvent au chômage, alors même que les patrons se plaignent souvent d’une pénurie de personnel. La Suisse risque ainsi de connaître une évolution similaire à celle observée à l’étranger: l’élévation de l’âge de la retraite aurait pour conséquence une augmentation du chômage de longue durée, ainsi que du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale.

Refuser une hausse de la TVA
Autre point central. Les revenus réels et le pouvoir d’achat sont aujourd’hui sous pression. Pour la première fois depuis 2008, les prix à la consommation sont repartis à la hausse. Le taux d’inflation attendu pour cette année s’élève à 2,8%. En automne, la hausse des primes d’assurance maladie pourrait atteindre 10%, un vrai choc ! Dans ce contexte, les personnes gagnant un salaire moyen subiraient, en l’absence de compensation du renchérissement, une baisse de revenu réel de 1600 francs par an. Les couples ayant des enfants pourraient perdre 2200 francs. Et dans ce contexte, le projet AVS 21 prévoit d’augmenter la TVA, un impôt antisocial qui touche de plein fouet les bas et moyens revenus ! C’est inacceptable.

En début d’année, l’alliance contre AVS 21 a réuni en quelques semaines le triple des signatures nécessaires à l’aboutissement du référendum. Il y a trois semaines, le 14 juin, plus de 50 000 personnes ont manifesté dans tout le pays contre le démantèlement des retraites sur le dos des femmes. Nous inscrirons notre campagne dans la lancée de ces mobilisations réussies.

Non à AVS 21 le 25 septembre !