Pour une hausse générale des salaires dans la santé: remobilisation le 30 octobre 2021!

de: Intervention de Beatriz Rosende, secrétaire centrale SSP

Conférence de presse de l'Union syndicale suisse du 7 septembre 2021.

Revendications salariales des syndicats pour 2022

Avant la pandémie, quelques rares études ont confirmé un fait bien connu dans les hôpitaux, EMS et autres institutions de santé : en Suisse, les personnels de santé quittent très souvent leur profession après un nombre d’années relativement court. Une étude assez récente signale que pour les « plus de 50 ans », au moins la moitié des infirmières ont quitté le métier. Un phénomène d’épuisement dû à l’âge ? Pas du tout : parce que les jeunes femmes de moins de 35 ans sont au moins 32 % à s’enfuir du secteur (1).

Pourquoi quitte-t-on un métier qui fait tant de sens ? Un métier qui nous est apparu comme « héroïque » ? D’abord, l’impossible conciliation entre travail, famille et vie sociale explique le choix de la fuite. Lorsqu’on est appelée à travailler selon un calendrier qui comprend 7 jours sur 7, nuits et jours, qu’en plus les horaires changent chaque semaine, que les heures supplémentaires explosent régulièrement, très vite, on réalise que toutes les activités non professionnelles sont difficiles, voire impossibles, à organiser. Il y a aussi le stress au travail – un travail où il est question de souffrance, de vie, de mort, de maladie – et, en même temps, une surcharge quotidienne pour affronter les tâches familiales, voire les activités sportives ou culturelles. Des circonstances qui font qu’on craque vite.

Le secteur de la santé est, sans surprise, en première ligne des métiers qui conduisent à l’épuisement et au burnout. Ainsi, très vite dans la carrière, pour faire face à cette énorme sollicitation les femmes qui nous soignent dans les hôpitaux et s’occupent de nos parents dans les EMS, de nos proches à domicile réduisent leur taux d’activité de manière conséquente, et automatiquement leur salaire diminue drastiquement. Et pour celles et ceux qui arrivent à la retraite dans ce secteur – de moins en moins nombreuses - c’est une dégringolade magistrale des rentes de vieillesse qui se profile.

Le secteur santé occupe des travailleuses très qualifiées – des infirmières de longues années d’études et de formation continue - et d’autres peu ou pas qualifiées – les assistantes, les aides, les nettoyeuses qui s’usent vite car leur travail est très physique. Pour les qualifiées, le salaire n’est plus suffisant et ne compense pas les sacrifices énormes consentis au quotidien, pour les autres, le salaire à 100% frôle le minimum vital.

Au début de la pandémie, avec les applaudissements, d’énormes espoirs ont circulé dans les couloirs: il y aurait une prise de conscience politique pour améliorer les conditions de travail de celles et ceux qui ont affrontés les premières vagues. Résultat : rien. Les grilles salariales n’ont pas bougé. Les primes COVID, lorsqu’elles existent, ne compensent en rien l’engagement exceptionnel qui s’est étalé sur de très longs mois et qui se poursuit encore. Dans certains cantons, les syndicats affrontent même des offensives patronales pour augmenter le temps de travail, faire sauter les annuités automatiques et introduire un salaire au mérite !

Un fait : les hommes du secteur quittent moins souvent la profession que les femmes et réduisent très peu leur taux d’occupation. C’est donc que le problème des salaires dans la santé est une question de genre. Les métiers féminins sont insuffisamment valorisés, parce qu’ils sont féminins. Prenons les barèmes des administrations cantonales : l’infirmière (niveau d’étude HES) va toucher un salaire très inférieur – pour un même taux d’activité que celui de l’enseignant du gymnase de même niveau d’études. Tandis que les salaires des femmes peu qualifiées restent très inférieurs à ceux des collègues des secteurs masculins réputés pénibles.

La crise COVID a suscité des vocations et les écoles des métiers de la santé enregistrent une hausse des inscriptions. Si nous voulons qu’au terme de ces études ces diplômé-e-s ne s’enfuient pas très vite, il est urgentissime d’augmenter les salaires et de réduire le temps de travail.

Les personnels de santé se sont mobilisés sans compter pour la population depuis des mois.

Le 30 octobre prochain, ils seront sur la Place fédérale pour leurs propres revendications : une nette amélioration de leurs conditions de travail et de leurs salaires.


(1) Lobsiger, M., Kägi, W. & Burla, L. (2016). Les professionnels de la santé: sorties de leur profession (Obsan Bulletin 7/2016). Neuchâtel: Observatoire suisse de la santé. obsan_01_2021_rapport_0.pdf (admin.ch)