Les enseignant-e-s du SSP dénoncent cette vision qui fait passer les profits avant les considérations sanitaires, pédagogiques et sociales.
Aujourd’hui comme au début de la pandémie, c’est la question de la santé qui doit primer. Or sur ce plan, les explications des autorités fédérales n’ont rien de convaincant. A ce stade, rien ne permet d’affirmer que les prescriptions de santé (distanciation physique etc.) pourront être respectées dans les écoles, au vu des nombreux problèmes pratiques: récréations, repas de midi, lavabos très rares dans certains bâtiments, transports collectifs, etc.
Ainsi, la réouverture des écoles dès le 11 mai ne répond pas au principe de précaution et fait courir le risque d’une nouvelle propagation du virus au sein de la population tout entière. Au moment où le Conseil fédéral reconnaît enfin le problème des salarié-e-s vulnérables, en les autorisant à ne pas aller au travail, il met en danger ces mêmes personnes vulnérables – qui sont plusieurs centaines de milliers en Suisse! – en déconfinant les élèves.
Nous le disons clairement: dès que les conditions sanitaires seront remplies, l’enseignement en classe devra reprendre. En effet, le télé-« enseignement» n’est guère praticable dans bon nombre de contextes familiaux et ne fait qu’aggraver les inégalités sociales. Mais pour l’heure, ces conditions ne sont pas réunies. La date du 11 mai a été retenue pour de mauvaises raisons et sans les garanties nécessaires. C’est pourquoi nous demandons aux gouvernements des cantons romands de repousser cette reprise.
Dans tous les cas, il faudra des investissements massifs dès la rentrée d’août pour soutenir les élèves qui auront pâti du confinement. Les éventuelles semaines scolaires qui auraient lieu avant la pause d’été devraient quant à elles être mises à profit pour recréer des liens pédagogiques avec les élèves et en aucun cas pour tenter de «rattraper» les semaines perdues. Une attention particulière devra être accordée aux élèves de dernière année, pour préparer la «transition», et dans cette optique les moyens à disposition des offices d’orientation doivent être renforcés dès la fin des vacances de Pâques.
Il est pour nous évident que les enseignant-e-s et autres professionnel-le-s de l’école faisant partie des personnes à risque devront pouvoir rester à la maison. Et que les parents «à risque» ne seront pas obligés d’envoyer leurs enfants en classe.
S’agissant de la reprise prévue le 8 juin dans les écoles postobligatoires, nous constatons que cela correspond au début de la période des examens, notamment dans les écoles de maturité. Nous ne voyons pas comment des examens pourraient être maintenus dans ces conditions. Il est temps que les autorités le reconnaissent!