Dans le cadre de la session extraordinaire du Parlement fédéral actuelle Katharina Prelicz-Huber, présidente nationale du SSP et conseillère nationale verte, a déposé une initiative parlementaire visant à établir un ancrage et un financement durable de l’accueil extrafamilial de l’enfance. Le texte de cette initiative demande que l’accueil de l’enfance institutionnel soit ancré dans la Constitution fédérale et soit traité comme une tâche d’instruction publique, à l’instar de l’école. L’initiative permettrait ainsi de réaliser un pas nécessaire depuis belle lurette vers une société moderne.
Ce n’est pas seulement depuis la crise liée à Covid-19 que nous sommes conscient-e-s de la nécessité de disposer d’une offre fiable en matière d’accueil de l’enfance pour les familles. Néanmoins, la grande majorité des offres existant en Suisse dans ce domaine s’appuient sur des bases très fragiles et sont en grande partie financées par les parents. C’est ce que la pandémie actuelle a une nouvelle fois démontré très clairement.
L’initiative déposée demande que l’accueil extrafamilial et parascolaire soit dorénavant un service public gratuit mis à disposition de tous les enfants dès la fin du congé maternité légal et jusqu’à la fin de l’école obligatoire.
Disposer d’une offre suffisante et de qualité en matière d’accueil de l’enfance est la condition sine qua non pour améliorer la conciliation des vies professionnelles et familiales, l’égalité entre femmes et hommes ainsi que l’égalité des chances des enfants.
Bien que les aides financières à l’accueil extra-familial de la Confédération aient permis de créer 60'000 nouvelles places d’accueil au cours de ces dernières années, ces places supplémentaires ne permettent de loin pas de couvrir les besoins existants. Bon nombre de lieux d’accueil ont atteint leurs limites sur le plan financier. Les salaires sont bas et ne permettent souvent pas de couvrir les besoins vitaux; ces structures comptent un trop grand nombre d’employé-e-s ne disposant d’aucune formation; le personnel subit une surcharge de travail et les taux d’encadrement sont calculés de manière trop serrée. Ces conditions ne permettent pas un accompagnement optimal des enfants.
Les tarifs sont trop élevés pour les familles et, néanmoins, ne permettent pas de couvrir les coûts des prestataires du service de l’accueil de l’enfance. Sans un financement public substantiel, il n’est pas possible de gérer des lieux d’accueil de l’enfance, des garderies ou des crèches en assurant un service de qualité ainsi que des conditions de travail correctes.
La Confédération, les cantons et les communes doivent assumer la compétence du financement des lieux d’accueil de l’enfance et se partager les coûts, à l’instar du système éducatif. La Confédération doit investir près de 1% du PIB dans ce financement, conformément aux recommandations de l’OCDE en la matière. Les dépenses de l’Etat pour le niveau préscolaire s’élèvent actuellement 0,2% du PIB en Suisse. En comparaison avec la Suisse, les pays scandinaves dépensent nettement plus de 1% de leur PIB, rien que pour le degré préscolaire. Pour un pays riche comme la Suisse qui dispose de bonnes formations, cet investissement devrait être impératif, dans l’intérêt des enfants, de l’économie et des conditions de travail du personnel.