HRC: une bataille loin d’être terminée !

de: Beatriz Rosende, secrétaire centrale SSP

Le départ du directeur de l’Hôpital Riviera-Chablais sanctionne des années de dysfonctionnements. Pour que l’établissement retrouve son rôle d’hôpital public, il faudra soutenir le personnel.

Pascal Rubin, le directeur général de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC), a annoncé le jeudi 28 mai qu’il quittait son poste avec effet immédiat. La nouvelle est tombée dans un contexte électrique, après un déménagement retardé à deux reprises, une crise sanitaire historique, un emprunt bancaire opaque et un plan d’économies alarmant pour le personnel. Un personnel extrêmement inquiet de voir son hôpital s’enfoncer dans une crise de confiance de plus en plus profonde. Le départ du directeur laisse espérer une nouvelle dynamique.

Des années de tensions
Rappel. En janvier 2015, à la suite de la fusion des hôpitaux de la Riviera et du Chablais, une Convention collective de travail (CCT) était signée, après une longue négociation entre direction et syndicats. Tout n’était cependant pas réglé: la grille des salaires et le catalogue des fonctions n’entreront en vigueur que bien plus tard, après plusieurs mobilisations des salarié-e-s concerné-e-s. En cinq ans, plus de vingt assemblées générales ont été convoquées, plusieurs résolutions et des dizaines de prises de position adoptées par le personnel. Objectif: revendiquer davantage de droits, exiger une gestion respectueuse des salarié-e-s ainsi que le respect des lois, mais aussi exiger une réelle participation dans l’organisation de l’activité hospitalière. L’HRC est donc loin d’être un long fleuve tranquille…

Négociations au point mort
Depuis le début de l’année 2019, les demandes du personnel sont systématiquement reléguées au second plan. Pour justifier son attitude, la direction va prétexter d’abord le déménagement, puis la période post-déménagement, avant d’invoquer le coronavirus – et maintenant le plan d’économies. Pourtant, de nouvelles réorganisations, décidées par une direction des soins de plus en plus contestée, sont menées tambour battant durant cette période – mais sans passer par la nécessaire consultation du personnel.

Gestion à la hussarde
La Loi sur le travail est ignorée, des horaires de pauses et des contrats de travail non conformes à la CCT sont appliqués, du travail sur appel est imposé. Un modèle de gestion totalement inopérant est mis en place dans un secteur où le non-respect des règles est considéré comme illégitime. L’équipe des directeurs, de plus en plus agressifs et arrogants, a fini par perdre sa légitimité. Peu à peu, des médecins et d’autres salarié-e-s démissionnent, certain-e-s tombent malades et jettent l’éponge. Ces départs ont profondément déstabilisé les équipes, voire une large part du réseau qui entoure cet hôpital. Cette situation a amené le SSP, Syna et l’ASI à constater, le 26 mai dernier, que « la confiance est désormais irrémédiablement rompue » avec la direction de l’HRC. Dans un communiqué commun, les organisations exigeaient un renouvellement immédiat du commandement hospitalier.

Le départ du directeur permettra-t-il de sortir de cette mauvaise passe ?

Le déficit 2019, seul problème ?
Dans un contexte hospitalier totalement acquis aux logiques marchandes, c’est l’aspect financier qui a fini par mettre en évidence un probable manque de compétences de la direction. Pourtant, les syndicats s’activent depuis des mois pour signaler le déficit de « sympathie » du nouvel hôpital auprès de la population. Ils ont aussi averti la direction générale des sérieux problèmes qui touchent l’organisation de l’activité hospitalière, en particulier depuis le déménagement. Sans trop de succès. Et puis, il a fallu que le déficit 2019 soit bien plus important que prévu pour que les autorités s’inquiètent publiquement. Pourtant, il n’est pas totalement aberrant de constater que, au cours de l’année du regroupement physique de plusieurs sites hospitaliers, l’exercice soit moins « rentable » et les dépenses plus importantes que les gains. Hélas, pour une bonne partie des représentant-e-s politiques, la situation financière est le seul facteur déterminant. Et les appels à « redresser les finances, à tout prix » ont repris comme si de rien n’était, ignorant les leçons de la pandémie.

Soutenir le personnel !
On le sent, la bataille pour redonner à cet hôpital public son rôle fondamental n’est pas terminée. Mais on sent aussi que le personnel a repris confiance en constatant l’immense soutien de la population pour les métiers hospitaliers. Un soutien qui sera nécessaire ces prochains mois !