Du Black Free Day au 15 mai 2020!

de: Guy Zurkinden, rédacteur Services Publics

Une alliance entre le mouvement climatique et les syndicats est nécessaire: des grèves et des actions sur les lieux de travail le 15 mai prochain renforceraient considérablement le mouvement pour la justice climatique et sociale.

Photo Valdemar Verissimo

Ce vendredi 29 novembre, en contrepoint au Black Friday organisé par les grands commerces, des manifestations, actions et blocages dénoncent, dans le monde entier, la course à la consommation et ses conséquences sur l’environnement, sous le mot d’ordre Black Free Day.

Ces mobilisations ont été précédées par la publication d’un nouveau rapport de l’Organisation météorologique mondiale. Celui-ci indique que les gaz à effet de serre ont franchi un nouveau record en 2018. Et que, dans un futur proche, aucun signe de ralentissement des émissions n’est perceptible – malgré les Accords de Paris, approuvés en 2015 par les gouvernements de 195 pays!

En Suisse, les jeunes de la grève du climat mettent aussi le doigt sur l’inertie des politiques. À leurs yeux, le projet de Loi sur le CO2 débattu au Parlement est totalement insuffisant. Le mouvement a donc décidé de prendre les choses en main. Il va proposer son propre plan d’urgence climatique, élaboré avec l’aide d’expert-e-s et en cherchant à impliquer la population.

Comme le souligne la journaliste Naomi Klein, les plans B visant à sauver la planète n’auront d’effet que s’ils entraînent une profonde transformation sociale – un new deal vert. Concrètement, cela implique de « rompre avec toutes les règles inhérentes au libre-échange, reconstruire la sphère publique, revenir sur les privatisations, relocaliser des pans entiers de l’économie, renouer avec la planification à long terme, taxer et réguler fortement les grandes entreprises, peut-être même nationaliser certaines d’entre elles, tailler dans les dépenses militaires et reconnaître nos dettes envers les pays du Sud. »

Une telle rupture implique la construction d’un solide rapport de forces face aux principaux bénéficiaires de ce système – les actionnaires des grandes banques et multinationales – et leurs représentant-e-s politiques, majoritaires dans les parlements comme les exécutifs. Pour réaliser cet objectif, une alliance entre le mouvement climatique et les syndicats est nécessaire.

Deux pas significatifs ont été réalisés dans ce sens. Le 9 novembre, le Congrès du SSP a décidé d’appeler l’ensemble de ses membres à se mobiliser lors d’une journée d’actions et de grève pour la justice climatique, agendée au 15 mai 2020. Six jours plus tard, l’Assemblée des délégué-e-s de l’Union syndicale suisse acceptait une résolution sur le même thème. Le texte demande à l’ensemble des fédérations d’adopter des cahiers de revendications sur les questions climatiques, et d’« envisager au moins une heure de grève ou d’action pendant le temps de travail », le 15 mai prochain.

Le plus dur reste à faire: traduire ces résolutions en actes. D’une part, en construisant, pour chaque secteur, des revendications capables d’améliorer le quotidien des travailleurs/-euses tout en diminuant les émissions de CO2. De l’autre, en préparant des arrêts de travail et des actions syndicales pour exiger leur application.

Une extension réussie aux lieux de travail décuplerait les forces du mouvement pour la justice climatique et sociale. Ce serait aussi un pas important vers une issue progressiste et solidaire à la crise du capitalisme néolibéral.