«On serre les dents, on continue»

Témoignage de Cécile, éducatrice sociale dans un centre de vie enfantine à Lausanne.

«Depuis le début de la pandémie, nous n’avons jamais cessé de travailler.

Pour notre métier, le port du masque représente le changement majeur. Il rend plus difficile la communication. D’abord avec les enfants, surtout au début, mais aussi avec les collègues et les parents. Cela génère un stress supplémentaire. Avec les enfants, nous devons être attentifs-ives à favoriser un travail de proximité.

Début janvier, au cours d’une phase test, on nous a fourni des masques transparents. Le problème, c’est qu’ils sont pénibles à porter, entravent la vision et étouffent notre voix. Tout le monde a arrêté de les utiliser.

L’interdiction de chanter nous prive aussi d’un outil de travail important.

Les distances de protection sont difficiles à respecter. Je travaille avec des enfants de 3 à 18 mois, que nous sommes souvent obligé-e-s de passer de bras à bras. Les espaces repas ne sont pas extensibles. Les colloques et l’organisation des équipes deviennent aussi plus compliqués.

Des enfants et collègues ont été malades du Covid, mais il n’y a pas eu chez nous de contaminations en chaîne. Les collègues entré-e-s en contact avec une personne positive ne suivent pas de quarantaine – c’est la règle dans notre secteur. Cela nous inquiète, car notre exposition au virus risque de s’aggraver avec le nouveau variant.

La pénibilité et la fatigue s’accumulent. Mais on serre les dents, on continue. Heureusement, notre équipe fonctionne bien.

Au cours de la pandémie, la Ville a mis sur pied un système de remplacement fixe pour les crèches publiques et subventionnées. En cas de quarantaine, cela évite de devoir chercher un ou une remplaçant-e. Ce dernier joue aussi le rôle de soutien éducatif lorsqu’il n’y a pas d’absent-e-s. C’est un renfort important. Pour la suite, il serait bien de pérenniser ce système – et de l’étendre à d’autres régions.

Il serait aussi positif de pouvoir travailler avec des masques transparents, mais plus faciles à porter. En revanche, je ne me verrais pas œuvrer sans masque lorsqu’un autre adulte est présent dans la même pièce. Il en va de notre santé.

Augmenter les effectifs serait décisif pour améliorer le bien-être des professionnel-le-s et l’accompagnement des enfants.»