Des chiffres éloquents!

L'état de santé du corps enseignant et les risques d'épuisement professionnel ont fait l'objet de plusieurs enquêtes. Elles attestent toutes de la gravité de la situation. Tour d'horizon.

(photo Valdemar Verissimo)

En 2014, la Haute Ecole Pédagogique de la HES Nord-Ouest a présenté les résultats d’une enquête financée par le Fonds national suisse et l’Office fédéral de la santé publique et réalisée auprès de 600 enseignant-e-s des trois régions linguistiques qui travaillent dans les cinq dernières années de l’école obligatoire.
Selon cette étude, un enseignant sur 5 se sent « constamment submergé ». Un tiers des répondants souffre au moins une fois par mois de troubles dépressifs et les risques de burn-out sont élevés. Une surcharge de travail, les conflits avec les parents d’élèves ainsi que les perturbations des cours augmentent particulièrement les risques de symptômes associés au burnout.
Il apparaît clairement que le présentéisme (travailler bien qu’on soit malade, par exemple pour pouvoir venir à bout d’une grande quantité de travail) est susceptible d’avoir des impacts négatifs sur la santé et le bien-être.

Autres résultats de l’étude:

  • Les personnes avec des taux d’activité élevés (21 à 25 périodes) souffrent aussi plus souvent d’atteintes à la santé.
  • Pas de différence entre les régions linguistiques ni selon le degré des classes.
  • L'expérience professionnelle des personnes sondées n'a pas non plus d'influence.

Résumé (allemand/français) de l’étude, avec indication des publications complètes

Article de presse en allemand


En 2015, la fédération alémanique d'enseignant-e-s LCH a publié un dossier sur la protection et la promotion de la santé des enseignant-e-s. Le dossier a été financé par l’Office fédéral de la santé publique et éducation + santé Réseau Suisse.
Ce dossier fait le point de la situation. Il ne présente pas de nouveaux chiffres, mais rappelle les données concernant la santé au travail (enquêtes, glossaire, bases légales) ainsi que les risques pour la santé des enseignant-e-s et les possibilités d'intervention.


En 2016, une enquête du bureau Landert Brägger Partner, mandatée par LCH et menée dans 8 cantons alémaniques, montre que la charge professionnelle et les problèmes de santé liés à l’exercice de la profession influencent fortement la décision quant au degré́ d’occupation professionnelle, et donc la tendance au temps partiel dans les écoles.
Sur les 83’000 enseignant-e-s en Suisse alémanique (école enfantine jusqu’au secondaire II), les diminutions du temps de travail dues à la charge de travail représentent l’équivalent de 2600 postes à plein temps. C'est l'une des causes de la pénurie d'enseignant-e-s à laquelle font face plusieurs cantons, estime le rapport, qui souligne aussi que cela a des conséquences sur la qualité de la formation offerte aux élèves.

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Version courte


Sur le même sujet, une étude de 2017 de la Société suisse des professeurs de l'enseignement secondaire (SSPES) consacrée au taux d'occupation professionnelle dans les gymnases et écoles de culture générale montre que la raison principale pour laquelle les enseignant-e-s à temps partiel ne souhaitent pas travailler à plein temps est la charge de travail (61%), devant la famille (56%).


En 2017, le Syndicat des enseignant-e-s romand-e-s (SER) a présenté les résultats d'une vaste enquête à laquelle ont été associées d'autres organisations d'enseignant-e-s, dont le SSP Neuchâtel. Sur 10'000 questionnaires envoyées, 5500 sont arrivés en retour. L'étude, réalisée par l'Institut de santé au travail, confirme l'hypothèse que les enseignant-e-s sont plus souvent malades pendant les périodes extrascolaires (vacances scolaires) que pendant les périodes scolaires. Parmi ceux qui ont été malades durant la période scolaire, 89,4% ont assumé au moins une journée de cours tout en étant malades. En moyenne, ils ont donné 10,8 jours de cours alors qu’ils auraient dû rester à la maison pour se soigner.
Parmi ceux qui ont été malades durant la période extrascolaire, 51,9% estiment que leur maladie est en lien avec des contraintes professionnelles.
La comparaison entre la santé des enseignant-e-s et celle de l'ensemble des salariés montre que l’état de santé des enseignant-e-s durant la période extrascolaire (score de 79,5 sur une échelle de 0 à 100) est similaire à celui de la population générale en Suisse (score 81,7), alors qu’il est clairement inférieur durant la période scolaire (score 68,4).
61,3% des enseignant-e-s estiment que leur état de santé s'est dégradé à cause du travail au cours des 5 dernières années (tout à fait: 16%, un peu : 45,3%).

En juin 2018, les directions d'écoles (VSL-CH Verband Schulleiterinnen und Schulleiter Schweiz et CLACESO - Conférence Latine des Chefs d’Etablissement de la Scolarité Obligatoire) ont présenté les résultats de leur dernière enquête. Il en ressort que la préoccupation principale des directions est la santé des enseignant-e-s. Devant les autres problèmes: intégration, relations avec les parents, etc.

Rapports complets sur http://www.claceso.ch (français) et https://www.vslch.ch (allemand)

D'autre part, une récente étude en Allemagne confirme que lorsque les effectifs de classe à l’école primaire sont réduits, les élèves obtiennent de meilleurs résultats. Il ressort notamment que dans les classes de 20 élèves ou plus, chaque élève en moins conduit à une amélioration des résultats qui correspond, sur une année scolaire, à deux semaines et demi d’enseignement.

Résumé et étude (en allemand): https://www.diw.de/documents/publikationen/73/diw_01.c.584933.de/18-22-1.pdf

Article sur le sujet (en allemand): https://www.news4teachers.de/2018/06/forscher-bestaetigen-was-lehrer-schon-immer-sagen-kleinere-klassen-fuehren-zu-besseren-schuelerleistungen/